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ARTE

LIVRES ET NOUVELLES

LE GRAND LIVRE D'ARGOLL (Le mystère de Gunburg)

 

Proche de nous, il y avait un grand homme, d’allure très fière, prêt à enfourcher son cheval. Nous ayant remarqués, il s’approcha, me regarda et m’adressa la parole avec beaucoup de respect :

«Maître Agripposulos ! Votre arrivée est inattendue, la force d’Allah vous a guidé vers moi. Mon fils Hasan Ali Habi est très malade depuis une semaine. »

 

« Nous sommes là pour vous aider, Altesse.»

 

Nous le suivîmes jusqu’aux appartements de son fils. Celui-ci était étendu sur son lit et était entouré de plusieurs personnes ressemblant à des apothicaires. Nous nous approchâmes. Des tremblements secouaient le jeune homme, accompagnés d’une sueur abondante. Cette maladie était connue sous le nom de «Sudor anglicius»[1]. Heureusement, j’avais l’antidote. Je préparai rapidement un traitement, mais, après une semaine, il n’y eut pas vraiment d’amélioration.

Je demandai à Son Altesse d’ouvrir les fenêtres et de me laisser seul avec mon aide. Les apothicaires sortis, je commençai une nouvelle préparation, et avec l’aide de Largos, je versai, goutte après goutte dans la gorge du malade, l’équivalent d’une coupe de l’antidote.

Nous lui appliquâmes des compresses d’eau froide sur le front et miraculeusement, quelques heures plus tard, les premiers signes d’un retour à la vie firent leurs apparitions. Le jeune Hasan Ali Habi était sauvé.

Nous demandâmes à son Altesse de bien surveiller les appartements de son fils pour éviter qu’il ne soit approché durant sa convalescence.

Reconnaissant, l’émir me pria d’accepter sa vie et sa fortune, car il disait être pour toujours redevable envers moi. À ce moment-là, j’étais loin de m’imaginer que l’émir Hasan deviendrait mon seul et plus grand ami de confiance. Il fut le seul avec qui je gardai des contacts, le seul auquel j’enseignai et le seul que j’invitai plus tard à Gunburg. Je lui confiai mes connaissances sur mes voyages dans les mondes parallèles ainsi que le secret de Danilo et de son fils Hasan. Pendant des années, nous communiquâmes par l’intermédiaire de Palino, nous confiant plusieurs de nos découvertes secrètes, car Hasan était aussi un éminent savant. Il essaya plusieurs remèdes de sa fabrication pour soigner ma blessure, mais aucun ne m’apporta la guérison. Néanmoins, ils ralentirent la propagation du poison et je repris quelques forces. Largos et Palino aidèrent Hasan à construire une salle de concentration. Cela lui permit de me visiter plusieurs fois. Avec le temps, son dévouement et son honnêteté envers moi me décidèrent à lui confier la charge de mon testament, et de sa transmission à mon héritier au moment de ma disparition. Il s’installa dans le château de Landkron sous le nom de Don Carlos de Montoya. Il fut mon plus grand ami, et je lui laissai le choix d’utiliser nos connaissances et nos découvertes comme il l’entendait, car je savais qu’il était un grand humaniste et qu’il en ferait bon usage.

Mon bras restait très gonflé, mais le remède d’Hasan m’aida à continuer ma croisade.

Palino fut chargé de la protection du fils de l’émir, pendant que Largos et moi préparions notre prochain voyage.

Je n’avais aucune idée du moment où le cycle serait fermé et j’avais peur de ne pas arriver à temps pour trouver l’héritier. L’accomplissement de ma promesse était primordial.

Aussi, la destruction de Fusat ne passait plus avant la protection des récepteurs. J’étais arrivé à l’âge de quatre-vingt-quatre ans et mes forces diminuaient de plus en plus. Le travail d’Hasan pour éliminer le poison avait été remarquable, mais, malheureusement, il ne parvint jamais à le supprimer complètement.

 

 

[1] La suette anglaise fit son apparition en 1486 durant le cantonnement de l’armée du roi Henri VII, au pays de Galles.

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